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La Wallonie s’est dotée en 2016 d’un vaste réseau de mesure de l’impact des ongulés sauvages sur la régénération forestière. Quels bilans peut-on espérer tirer de ce dispositif ? Exemple de Florenville.

En broutant les semis qu’ils apprécient le plus, comme les chênes, les bouleaux, les saules ou les érables, les ongulés sauvages exercent un impact déterminant sur la régénération des forêts en réduisant la diversité en espèces pour des décennies. Cette diversification est pourtant une nécessité pour rendre les forêts plus résilientes face aux problèmes sanitaires et aux changements climatiques. À ce titre, elle est inscrite comme objectif de gestion au code forestier. Bien entendu, d’autres facteurs parfois difficiles à quantifier, tels que la lumière, la présence de sous-bois ou la fructification des semenciers, peuvent également influencer la réussite d’une régénération diversifiée.

L’installation d’enclos-exclos est une technique prometteuse pour évaluer la part de responsabilité des ongulés dans les situations où la régénération naturelle n’est pas suffisante. La végétation se développant en enclos, à l’abri donc, constitue alors un témoin sans aucune pression d’ongulé. Elle peut être comparée à celle s’étant développé à côté, en exclos, dans les mêmes conditions mais avec la pression réelle des ongulés dans la zone.

Un réseau de 48 enclos-exclos a été installé en 2012 dans le cantonnement de Florenville et suivi jusqu’en 2016. Ces dispositifs ont été placés en hêtraie, dans des trouées favorables au développement de la régénération. Au sein de chaque plage de semis, la croissance des semis les plus hauts de chaque essence a été observée durant quatre années.

Dans les conditions réelles de ce site (exclos), le hêtre, et dans une moindre mesure l’épicéa sont très souvent les plus abondants et ont la croissance la plus rapide. Ils sont donc quasiment les seuls sur lesquels le sylviculteur pourra compter pour renouveler son peuplement.

En l’absence d’ongulés (enclos), les saules et des bouleaux sont présents dans environ 40 % des dispositifs et ont une croissance nettement supérieure à ce qui est observé en conditions réelles, et supérieure à celle des autres essences. Même les chênes sont présents dans presque 50 % des dispositifs et ont une croissance nettement supérieure à celle observée en présence d’ongulés.

Dans cette zone, les ongulés représentent donc une difficulté majeure à la diversification des peuplements. Cet impact sur la diversité spécifique est d’autant plus préoccupant que le hêtre et l’épicéa, qui résistent le mieux aux pressions des ongulés, sont par contre parmi les espèces les plus sensibles aux canicules et aux sécheresses estivales qui s’annoncent de plus en plus fréquentes et intenses.

Ce type d’analyses va prochainement être appliqué au réseau de plusieurs centaines d’enclos-exclos installés par le DEMNA, le DNF, la Société royale forestière de Belgique et la Cellule d’appui à la petite forêt privée. Un tel dispositif devrait donc permettre de mieux comprendre dans quelle mesure les ongulés contrarient ou non la réussite des objectifs sylvicoles. ◆

Chercheur : Romain Candaele (ULiège)
Encadrement scientifique : Philippe Lejeune (ULiège)