Comment diversifier les forêts et maintenir une bonne production de bois dans un contexte de changement climatique ? L’étude de nouvelles espèces issues de plantations en arboretums contribue à répondre à cette question.
Dans les prochaines années, des changements importants en termes de températures et de précipitations sont attendus en Belgique. Certaines espèces actuellement présentes dans nos forêts en souffriront et risquent à long terme d’être moins fréquentes.
Pour faire face à ce risque, les forestiers recherchent de nouvelles essences à introduire dans nos forêts. Par chance, certaines espèces exotiques ont déjà été plantées sous nos climats, dans différents arboretums au début du 20e siècle. Nous pouvons donc y étudier comment les arbres se sont comportés face au climat belge et face aux différents stress climatiques (sécheresse, gelées, etc.) auxquels ils ont dû faire face durant leur vie.
Il était bien entendu impossible d’étudier toutes les espèces installées. Aussi en avons-nous choisi trois : le Sapin de Nordmann, le Cyprès de Lawson et le Thuya géant, qui sont connues pour être résistantes aux sécheresses, qui possèdent un bois de qualité permettant leur utilisation dans plusieurs domaines (construction, meubles…) et qui poussent rapidement.
Comme ces atouts ont été mis en évidence dans l’aire d’origine de ces espèces, il nous faut vérifier que cela soit également le cas dans le contexte belge, dans un climat et sur des sols différents. Pour cela, nous avons prélevé des échantillons de bois par carottage (prélèvement horizontal depuis l’écorce jusqu’au cœur, d’un cylindre de 5 mm de diamètre) dans des plantations de ces trois espèces localisées dans différents arboretums.
Sur ces carottes de bois, nous pouvons donc mesurer les cernes de croissance de l’arbre, c’est-à-dire la quantité de bois produite chaque année. Cette croissance annuelle, qui reflète la santé de l’arbre, dépend entre autres du climat. Par exemple, une sécheresse au printemps pourra diminuer la croissance de l’arbre durant l’été.
Nous pouvons donc déduire quelle a été la réaction des arbres aux différents événements climatiques rencontrés depuis leur plantation jusqu’à aujourd’hui. Ces événements sont caractérisés par différents indices qui permettent de décrire l’intensité du stress subi. Nous nous intéressons particulièrement aux stress les plus intenses.
Si l’étude montre que les trois espèces choisies ont continué à prospérer dans des conditions inédites pour elles, elles pourraient être plantées dans nos forêts afin de maintenir une diversité d’espèces et une bonne production de bois dans le futur. ◆
Chercheur : Morgane Dendoncker (UCLouvain)
(poursuite d’une recherche initiée par Alexandra Delente, UCLouvain)
Encadrement scientifique : Quentin Ponette, Caroline Vincke (UCLouvain), Vincent Badeau (INRA)