La forêt wallonne, au même titre que ses voisines européennes, est confrontée à une épidémie très importante de scolytes (Ips typographe et Chalcographe). Elle s’explique en grande partie par les chablis liés aux tempêtes Eleanor et David en 2017 ainsi que par les conditions climatiques de 2018, particulièrement favorables à la prolifération de l’insecte.
Face à cette situation, les gestionnaires, qu’ils soient publics ou privés, doivent relever le défi de repérer dans les meilleurs délais les arbres atteints afin de les exploiter et de limiter autant que possible l’amplification du phénomène.
L’équipe Gembloux Agro-Bio Tech qui travaille sur l’application des techniques de télédétection à la foresterie, s’est mobilisée pour proposer une méthode de repérage des foyers d’infestation. L’utilisation d’avions ULM, bien que fournissant des données très précises, a été rapidement abandonnée en raison de l’ampleur du phénomène et des surfaces à couvrir (environ 10 000 km²).
Considérant cette contrainte et la nécessité de travailler avec des images aussi récentes que possible, la solution retenue s’appuie sur des images à très haute résolution acquises par les satellites Pleiades (résolution de 0,5 m) et Spot6 (résolution de 1,5 m).
Les images satellitaires ont été utilisées pour produire des cartes d’indices de végétation qui expriment le niveau d’activité photosynthétique, nettement plus faible pour les arbres scolytés ou dépérissants. Ces cartes ont été croisées avec la carte des principaux types de peuplements et la carte des hauteurs de peuplements, pour localiser des sites potentiellement infestés et non encore exploités au moment des prises d’images.
Un premier test réalisé dans la région de Libramont s’est révélé concluant (94 % des arbres scolytés ou dépérissants ont été correctement détectés). La méthode devrait être étendue à l’ensemble de l’aire de distribution de l’épicéa en Wallonie afin d’aider les gestionnaires à localiser au mieux les foyers d’arbres scolytés qui n’auraient pas encore été récoltés.
Les chercheurs se préparent aussi à exploiter les images qui seront acquises par les satellites au printemps 2019, après l’envol de la première génération de scolytes. L’enjeu sera alors d’essayer de détecter les arbres attaqués avant que ceux-ci ne meurent et que le bois ne perde une grande partie de sa valeur. ◆
Chercheur : Nicolas Latte (ULiège)
Encadrement scientifique : Philippe Lejeune (ULiège)